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Ensemble ! Deux-Sèvres

Mouvement pour une Alternative de Gauche, Ecologique et Solidaire

Niort ville criminogène ?

Niort ville criminogène ?

C’est par la presse que nous apprenons le futur projet municipal de « sécurisation » du centre-ville de Niort (Article du 07/06/2014 « Vidéosurveillance : ce que veut changer Jérôme Baloge »), pour remédier aux dégradations comme les déjections et urines canines… et autre formes de violences (Article du 30/05/2014 « Brèche : un rappel à la propreté avant l'été »).

Enfin, il s’agit surtout de répondre à un sentiment d’insécurité des Niortais, savamment entretenu par la droite, l’extrême droite, relayé par des médias amateurs de faits divers et les porteurs de la rumeur dit « du 9-3 ». Jugé « sans fondement par le préfet Pierre Lambert » dans la NR du 07/09/13 qui donnait la réalité objective des chiffres : « de 54 faits en huit mois... Niort demeure une ville sûre… ». D’ailleurs les chiffres de la délinquance classent les Deux-Sèvres, 14ème département sur 97, où la délinquance est la plus faible.

Il s’agit donc de repositionner les sept caméras prévues par l’ancienne municipalité dans le haut et le bas de la Brèche et d’étendre l'installation des caméras de surveillance à toute la zone entre la Brèche et la Sèvre Niortaise, comme l’annonçait d’ailleurs Monsieur Baloge dans son programme municipal.

Les vœux des commerçants de la Brèche, eux qui réclamaient l’installation d’une cinquantaine de caméras de vidéo-protection sur toute l’esplanade (NR du 13/09/13), seront exaucés. Leur clientèle pourra donc être surveillée. Rappelons que la plupart de ces commerces sont des bars et que la consommation excessive d’alcool peut être un facteur déterminant lors de passage à l’acte en matière de violences, d’atteintes à l’ordre public, de délinquance routière…. Et en la matière les Deux-Sèvres se trouvent parmi les 21 départements pour lesquels le nombre de consultations liées à l’alcool en Centre de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie est le plus élevé pour 10 000 habitants (document : Stratégie de prévention de la délinquance. Plan départemental 2013-2017 des Deux-Sèvres). Faudra-t-il alors pénaliser ceux qui auront servi le verre de trop ?

Lorsque l’ancienne municipalité, avait voté l'installation des caméras dans les « failles » du haut de la Brèche nous nous étions déjà inquiétés des risques de l’extension du réseau de vidéo-surveillance réclamée par la droite et l'extrême droite. Rien d’étonnant dès lors que la nouvelle majorité municipale de droite soi-disant « sans étiquette » souhaitant dépasser les clivages, s’engouffre facilement « dans la brèche » pour apporter des réponses, toujours plus sécuritaires et liberticides. Pour un maire officiellement centriste, il s’agit là d’une belle démonstration de dogmatisme droitier puisqu’il reconnaît lui-même que ces installations de caméras « ne sont qu’un complément » de la sécurisation du secteur piétonnier (NR du 07 juin 2014). C’est donc avec constance et détermination, que nous nous opposons aujourd’hui à l’installation et à l’amplification de la vidéo-surveillance dans l’espace public. »

Pour nous, la vidéosurveillance tend à opérer une privatisation de l'espace public. Elle porte atteinte aux libertés, au droit de circuler et à l'intimité. Aucun contrôle n'est possible par le citoyen sur l'utilisation qui sera faite de son image, ni sur la durée de conservation.

De plus, tout cela aura un coût exorbitant pour la collectivité pour des résultats quasiment nuls. En effet, selon la Cour des Comptes, l'investissement par caméra est d'environ 36 000€. Il faut également rémunérer le personnel : à titre d'exemple, pour 20 caméras filmant 24h/24, cinq agents sont nécessaires, ce qui représente un coût annuel estimé à 140 000€ (Source: Institut d'Aménagement et d'Urbanisme d'Ile -de -France « vidéosurveillance et espace public » octobre 2008). Enfin, il convient d'assurer le coût de la maintenance une fois l'installation terminée, soit d’après la Cour des Comptes, 7 000€ par caméra chaque année.

Combien de caméras en plus des sept déjà prévues seront à financer, pour « vidéo-surveiller » de la Brèche à la Sèvres ?

D’après le document « Stratégie de prévention de la délinquance. Plan départemental 2013-2017 des Deux-Sèvres », l’année 2013 se caractérise par une baisse des atteintes à la tranquillité publique dénombrée en zone Police (comme Niort par exemple). Les atteintes aux biens se manifestent surtout par des cambriolages, des vols de véhicules ou dans les véhicules, l’ivresse publique, les dégradations, les stationnements irréguliers et les conflits de voisinage.

Les violences aux personnes se produisent le plus souvent entre personnes qui se connaissent. Il s’agit de violences intrafamiliales ou entre voisins, dont une part importante est liée à la consommation d’alcool. Les victimes de violences intrafamiliales déclarées sont majoritairement des femmes. Le département se caractérise statistiquement par un niveau élevé de fait de violences sexuelles (le département occupe en 2013 le 18ème rang sur 96). Par ailleurs, le nombre de plaintes pour violences conjugales est en augmentation.

Des études internationales et locales, comme à Lyon, ont montré que la vidéosurveillance, au-delà de son coût exorbitant est sans effet face aux violences interpersonnelles et aux actes de délinquance. Ainsi la Grande Bretagne compte 4,2 millions de caméras (dont une pour 14 habitants à Londres). Résultat : moins de 5% des auteurs des crimes et délits ont été interpellés après avoir été identifiés par des caméras. Le responsable du Bureau des images, identification et détections visuelles de la police métropolitaine de Londres qualifie la vidéosurveillance au Royaume Uni de « véritable fiasco».

Nous pensons qu'un réel débat citoyen est nécessaire, en particulier sur des solutions plus humaines et sans doute moins coûteuses comme :

- La médiation sociale qui pourrait être renforcée et élargie la nuit.

- Le travail de fond d’éducateurs de rue qui s'avère bénéfique dans d’autres villes et offre en tout cas une réponse adaptée à la précarité et aux inégalités sociales qui se généralisent.

- L’éducation des plus jeunes et l’information des adultes sur les violences intrafamiliales, scolaires et particulièrement sur les violences faites aux femmes.

Sylvain.D, Linda.P, Vincent.L, Laurent.F, Bruno.C, Jean François, Emilie.P, Bruno, Marie Pierre.P, Jean Gilles.D, Alain.D, François.T, Jean Max.J

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